Rencontre nocturne. [PV : Kiyomi Nishimura ]

Le cheval de Matsuki avançait d'un pas régulier sur la grande voie qui menait à Mito. C'était la première fois que le jeune homme faisait ce voyage seul, et s'il avait été réticent tout d'abord à l'idée de se déplacer aussi loin, il devait bien admettre que cela lui faisait un bien fou. Pas de remontrance, pas de collègues attardés aux blagues vaseuses. Il avait presque l'impression d'avoir pris des vacances. Le jeune homme se redressa sur sa selle pour vérifier que l'épée qu'il transportait était toujours dans ses bagages et en profita pour observer le paysage. Devant Matsuki s'étendait un large pont de bois qui permettait de traverser une rivière pour atteindre Mito, le but de son voyage. Le forgeron flatta l'encolure de sa jument et lui fit presser le pas.

« Allez ma belle, plus que quelques minutes et on sera arrivé. »

Il soupira, songeant qu'une fois l'épée livrée il lui faudrait rentrer et subir de nouveau la routine de la forge. Il compta le nombre de jour depuis son départ et s'estima dans les temps. Peut-être pourrait-il flâner un peu sur le chemin du retour ? Faire une pause sur la route et se reposer une petite journée ? Cela lui semblait une bonne idée, mais restait à trouver une excuse acceptable pour le vieux s'il lui demandait des comptes, et ça se révélait un exercice plutôt difficile. D'aussi loin qu'il se souvienne, son tuteur avait toujours réussi à deviner quand il mentait. Rien n'échappait au vieux renard et s'il avait fait mine de le croire quelques fois, Matsuki se doutait bien que ce n'était qu'une manière qu'il avait de lui laisser un peu de liberté. Il se sentit légèrement coupable d'avoir pensé à échapper à ses responsabilité pendant un instant. Après tout il avait eu de la chance d'être tombé sur une personne qui le traitait aussi bien.

* Je vais sans doute rentrer directement tout compte fait. Il risque d'avoir besoin de moi à la forge et je lui dois bien ça… *

Matsuki sortit de sa torpeur lorsque les sabot du cheval tintèrent sur les pierres dures d'une des rues de la ville. Où était-il ? Il fit faire volte face à son cheval pour revenir sur ses pas et déboucha sur une place qu'il ne connaissait pas. Ça lui apprendrait à rêvasser tiens ! Il mit pied à terre en pestant et chercha du regard une personne qui pourrait le renseigner. Le soir tombant, peu de gens étaient encore de sortie et les rares habitants encore présent se dépêchaient de rentrer chez eux comme s'il était dangereux de rester dehors à cette heure ci. Abandonnant la place, il se mit a parcourir de petites ruelles et finit par tomber nez à nez avec une frêle jeune fille aux cheveux sombres qui fit mine de s'enfuir quand elle le vit. Excédé par sa situation, il l'empoigna par le bras pour la retenir et la forcer à lui faire face.

« Pas de ça avec moi, je veux juste savoir où je peux trouver le Kairakuen. »

Si Kiyomi savait obéir aux règles, il y avait finalement un petit quelque chose dont elle n'arrivait pas à se passer. L'air pur et frais, qui ne peut offrir à l'homme qu'un sentiment de liberté et de mille et une possibilités. Et puis, c'était tout de même la majeure partie de son enfance. Le vent d'été, chaud et parfumé, jusqu'à la bise mordante de l'hiver. Les hommes meurent mais jamais ne demeurent, le temps seul conserve son empire sur le monde. Et si elle avait grandement gagné en calme, et perdu en poussière, elle niait tant mal que bien cette attirance pour l'air environnant. Parfois, on pouvait la voir s'arrêter quelques instants devant les fenêtres de l'Hanamachi entre deux 'mission ' pour laisser son esprit rejoindre le bal des feuilles, de cerisiers, ou non d'ailleurs. Et parfois, parfois seulement, lorsqu'elle se sentait fière des services accomplis, elle s'accordait une petite escapade. Jamais loin, jamais longtemps, mais assez de temps pour pouvoir joindre l'utile, l'agréable et le sécurisé. Elle était devenue prudente, c'était une qualité nécessaire.

Elle aimait la région. Pas seulement pour y avoir grandi, mais par goûts personnels. Elle n'avait jamais eû à apprendre à l'aimer. Ca c'était imposé à elle, tout autant que la vocation qui était la sienne, lorsqu'elle vit passer au loin une geisha qui au final était comme les autres. Ca par contre, elle l'avait appris sur le terrain. Elles se ressemblent toutes. Désagréables . Elle ne savait pas à quel point elles étaient mielleuses avec leurs clients, elle n'avait vu alors que leur comportement ici, et parfois dans la rue lorsqu'elles devaient accompagner pour une raison ou bien une autre. Et elle les trouvait donc désagréables, sèches et sans grande prestance. Elle se faisait une fierté d'en devenir une qui compterait plus que les autres. La seule qui resterait mesurée, même envers ses consœurs. Elle ignorait également la rude concurrence qui existait entre elles. Encore jeune, elle ignorait bien des rouages de la société moderne.

Et ce qu'elle ne savait pas non plus, c'est qu'elle croiserait aujourd'hui quelqu'un. Chose qui ne lui était pas arrivée depuis un certain temps. Non qu'elle ne parle à personne, il lui arrive de converser avec ses consœurs, après tout, si on ne le fait pas trop fort, personne ne nous le reproche. Mais elle n'avait que peu de contacts avec le monde extérieur. Un peu avec les fournisseurs du marché, un peu avec certains commerçants, ceux de tissus entre autres. Mais avec de purs inconnus sans aucune utilité à l'Hanamachi, pas depuis les batifolages dans les champs avec ses parents. Et là, alors qu'elle s'était éloignée un peu, à quelques rues seulement de son lit, une silhouette bougea hors de son champ de vision. La jeune fille, dans sa robe bleue se laissa envahir par la panique. On lui avait souvent répété que la rue était dangereuse, qu'on ne sait pas ce qui peut arriver. Elle sait que certains actes subis pourraient l'éloigner définitivement de son but, et lui avoir fait perdre plusieurs années de servitude volontaire. Il ne faisait pas encore nuit, il lui restait un espoir.Elle entreprit de disparaître, comme elle le faisait si bien. Mais il devrait en être d'une autre manière.

Il l'attrapa par le bras et la retint avec force, elle se débattit tant qu'elle put, et surtout, jusqu'à ce qu'il lui explique pourquoi. Ce n'était pas une raison suffisante, et pouvait très bien n'être rien de plus qu'un prétexte, mais elle se calma malgré tout. Ce n'était pas digne de sa future fonction de perdre son sang froid de la sorte. Heureusement que depuis cette rue, les yeux de l'Okasan ne pouvaient pas l'informer de ce qui venait de se passer. Elle essaya pourtant de se donner une contenance, ce qui devait d'ailleurs sembler plutôt ridicule vu de l'extérieur. Une jeune femme prise de panique qui soudainement devenait raide et froide. Tss.

« La force ne résout rien, et certainement pas les problèmes d'orientation. Quel guerrier seriez vous ! Vous en prendre à une jeune femme ! »

Sous entendant grandement qu'elle ne dirait rien tant qu'il ne l'aurait pas libérée de son emprise.

« La force ne résout rien, et certainement pas les problèmes d'orientation. Quel guerrier seriez vous ! Vous en prendre à une jeune femme ! »

« M'en prendre à une jeune femme, c'est vite dit. Je me suis contenté de faire en sorte que vous ne me fuyez pas comme la peste. De plus le code du guerrier ne s'applique pas à moi, je suis quelqu'un de simple aussi ce genre de considération me passe bien au dessus de la tête. »

Matsuki serra les dents et lâcha son bras pour reculer un peu. Il avait du lui mettre un sacré coups de pression mais c'était un mal pour un bien. Au moins lui faisait-elle maintenant face et accepterais peut-être de l'aider si elle en avait les moyens. Il la détailla un moment, cherchant une pique à lui lancer. À ses vêtements, il ne pensait pas prendre trop de risque en avançant qu'elle venait d'une Okiya de la ville et qu'elle n'y étais pas bien gradée. Le jeune homme s'autorisa donc à prendre avec elle un ton plus familier.

« C'est étrange comme le ton d'une personne peux changer quand elle se sait en situation de force n'est ce pas ? » Il eu un sourire mauvais. « Regarde toi, à ton âge tu prend de haut tes aînés quand tu sais qu'ils sont dans le besoin et qu'il ne te veulent pas de mal, c'est pas très joli. »

Sa remontrance faite, le jeune forgeron se rendit compte qu'il était en tort sur ce coups là. Il comprenait la réaction de la jeune fille en le voyant et il aurait sans doute pu simplement l'appeler pour qu'elle accepte de l'aider. Ce n'était pas très fin de sa part non plus de s'en prendre à une passante de la sorte et de lui faire son éducation comme s'il était son père. Après tout, lui même avait eu pas mal de soucis avec la discipline quand il était plus jeune et ne s'en était pas si mal sorti que ça finalement. Le forgeron se frotta la tête avant de reprendre d'une voix plus calme.

« Écoute, je suis désolé si je t'ai fait peur, c'est vrai qu'avec la nuit qui tombe les rues de la villes ne doivent pas être très sûres pour toi. Mais j'ai pas mal besoin d'aide et tu es la seule que j'ai trouvé qui pourrait potentiellement m'aider. Alors si tu veux bien m'excuser et m'indiquer simplement où je peux trouver les jardins, ce serait très aimable de ta part. »

Matsuki espérait vraiment qu'elle n'aurait pas pris la mouche après ce qu'il lui avait dit. Il connaissait assez bien les résultat de son franc parler (ou de sa mauvaise foi selon le point de vue), et n'avait pas du tout envie de frapper à toutes les portes de la ville jusqu'à ce qu'on daigne le renseigner. À Kyoto, tout le monde avait tendance à considérer Mito comme une ville dangereuse dont les rues étaient remplies de voyou qui n'attendait qu'une occasion pour dépouiller les passants. Et malheureusement pour le forgeron, ce qu'il transportait était bien trop important pour permettre à un quelconque bandit de le voler. Il n'avait pas envie d'avoir à raconter ça à son tuteur ou au client qui l'attendait.

Elle n'avait pas encore l'étoffe nécessaire pour devenir une jeune femme charismatique. Elle en avait la force, à n'en point douter, mais il lui manquait encore la rigueur. La rigueur la plus élémentaire, afin d'arriver à canaliser toute cette énergie qui se perdait dans le mouvement désorganisé. Elle était encore bien trop à fleur de peau pour réussir à garder sa superbe et son calme dans n'importe quel type de situation. Ce qui était indissociable de l'artiste du monde flottant. Après tout, elle se doit d'être un repère stable dans un monde qui change en permanence. Et la stabilité c'est une des choses les plus difficiles à appréhender. Heureusement, elle était encore jeune, elle aurait tout le temps pour apprendre.

Finalement, il desserra son étreinte, elle put reprendre une certaine contenance, elle se calma cependant bien vite, au vu de sa non agressivité. Elle se serait trouvée bien bête de continuer à être effrayée par quelqu'un qui cherchait son chemin. Elle se devait d'être une lumière dans l'obscurité. Ce support omniscient qui ne refuse jamais ses rayons à celui qui cherche le savoir ou l'illumination. Elle se décrispa légèrement, finissant même par sourire un peu.

« Guerrier ou non, un peu de civilité ne vous ferait pas de mal tout de même. »

Elle s'égara un instant dans ces considérations brumeuses et inutiles. Et puis finalement, elle revint à lui. Il avait parfaitement raison. La puissance change un homme aussi sûrement que le temps modifie ses vêtements. Elle ne rechignait jamais devant l'appel de la réflexion. Elle haussa légèrement un sourcil, signe que son cerveau s'agitait désormais en mille et un sens différents. Il dut prendre son air pour de l'offense puisqu'il s'excusa de nouveau.Elle sortit de ses pensées pour lui sourire, et incliner la tête en signe de pardon. Elle le gratifia même du fruit de ses réflexions.

« Le pouvoir et la peur sont les deux boussoles de l'humeur. On peut tenir un homme aussi bien par l'un que par l'autre. Mais je n'aurais pas fui. Pas comme ça. Vous n'avez pas l'air d'être un mauvais homme, loin de là. »

Elle se permit une pause afin de construire ses prochaines phrases.

« Cependant, je me permettrai une remarque. Vous jugez une jeune femme qui a tout à craindre dans ce monde. Les hommes, les rues, le noir et par dessus tout peut être, ses supérieures. Vous l'avez retenue avec force, et vous surprenez maintenant de la voir agressive. Et pourtant, cette jeune fille là pourrait maintenant vous faire payer ces injustes reproches et tourner le dos avant même que vous ne le réalisiez. Je serais déjà loin si je le voulais. Mais considérons nous quittes, voulez vous ? »

La malice avait pris le pas sur la peur.

« le Kairakuen se trouve un peu plus loin sur la gauche. Et si vous avez faim, je peux même vous donner un peu du riz que j'ai gardé. Vous devez avoir encore bien de la route pour retrouver votre foyer, et ces rues ne sont pas si sûres qu'elles en ont l'air. Il vous faut de la force ! »

Et elle marqua une courte pause. Elle s'attarda un instant sur le double objet de sa captivité précédente.

« Vos mains sont abîmées. Et pourtant, elles ont du être bien belles. »

« Vos mains sont abîmées. Et pourtant, elles ont du être bien belles. »

Surpris par cette réflexion qu'il jugeait déplacé au vu des circonstances, Matsuki resta un moment bouche bée en essayant d'articuler un semblant de phrase en réponse mais rien ne lui vint. Le jeune forgeron devait bien admettre que ce n'était pas tout les jours qu'on lui faisait ce genre de remarque et pour cause car il ne sortait presque jamais de l'atelier de son mentor. Après un instant de gêne qui lui fit monter le rouge aux joues et un toussotement discret pour reprendre une contenance, il entreprit de répondre à la jeune femme.

« Je te remercie de ton offre. Il est vrai que ma réaction était disproportionné mais comme tu l'as deviné, j'ai pas mal de chemin à faire pour le retour et j’espérais pouvoir faire ma livraison avant que la nuit tombe. » Il regarda le ciel nocturne d'un air mauvais. « Mais je dois admettre que j'ai mal géré mon temps et qu'il est maintenant trop tard pour le rattraper. »

Avec un sourire il se retourna vers son cheval pour en sortir une gourde de saké et du pain. Après tout, il était déjà en retard et ne pouvait décemment pas se montrer à une heure si tardive chez son client. L'apprenti savait qu'il lui faudrait trouver une auberge, mais puisqu'il était trop tard, cela ne pressait pas. En revenant vers la jeune fille, il lui présenta ce qu'il avait récupéré.

« Si ton offre tiens toujours en ce qui concerne le riz, je ne l'accepte que si tu mange avec moi. J'espère que tu n'as pas encore mangé, du coups. Par contre, il faudra trouver un coin où s'asseoir, je ne pense pas que tu apprécie de manger debout. »

Il lui sourit et lui tendit sa gourde. Vu qu'il avait tout son temps, il allait essayer de remercier la jeune femme correctement, d'autant plus que sa brusquerie n'avait servie à rien maintenant qu'il devait attendre.

« Je m'appelle Matsuki, enchanté ! »


[HRP : Désolé pour la taille du post, j'ai vraiment manqué d'inspiration sur ce coups. Par ailleurs, je suis désolé d'avoir tout cassé la page. ]

Le forgeron attacha sa jument et attendit le retour de la jeune femme en faisant les cents pas. Il songeait à la manière dont celle-ci s'était éclipsée et se demandait si il ne lui avait pas causé des problèmes en lui demandant de souper avec lui. D'après sa gestuelle respectueuse et sa tenue, il ne faisait aucun doute que la fillette était habituée à recevoir les ordre d'un supérieur, et l'insubordination dont elle faisait preuve en restant avec lui risquait de lui attirer des ennuis. Peut-être serait-il plus sage en tant qu'aîné de la renvoyer auprès de son maître ? Le retour de la jeune Kiyomi le tira de ses pensées et le visage souriant qu'elle affichait fit disparaître ses questions. Elle n'avait pas l'air bien inquiète et au pire, il pourrait toujours s'expliquer avec les personnes concernées pour tenter de la tirer du pétrin.

« Et voilà, filons avant qu'on ne pense à me chercher ! »

Souriant à son tour, le forgeron détacha bien vite son cheval et suivit son guide dans des petites rues qui lui étaient inconnues jusqu'à ce que celle-ci s'arrête en lui tendant un bol de riz qu'elle avait sorti de dieu sait où.

« Voilà de quoi se consoler il me semble ! »

Matsuki accepta le bol avec un signe de tête, attacha son cheval à une bâtisse proche et s'assit à coté de la jeune femme en posant sa gourde et son pain entre eux deux.

« En effet, je dois avouer que cela faisait un moment que je n'avais pas mangé de riz. » Il indiqua la gourde et le pain. « Surtout, ne te gêne pas. Le saké réchauffe et d'ici peu le temps risque de se rafraîchir. »

Sans plus attendre, il rompit son pain et en donna une partie de la fillette avant de se servir dans le bol en se servant de son quignon pour attraper le riz. Quand il pensa saisir ce qui gênait la jeune femme.

« Enfin, je devrais sans doute arrêter de te proposer de boire. C'est ton statut qui t'empêche de consommer de l'alcool ou est ce vraiment parce que tu n'as pas soif ? »

Il avala sa nourriture et repris, songeant qu'après tout il n'avait pas à s'immiscer dans ses affaires :

« Tu n'es pas obligé de me répondre bien entendu. Cela doit être étrange qu'un parfait inconnu te Pose de telles questions. De ce fait, je devrais peut-être commencer par me présenter moi même. »

Le forgeron prit une nouvelle bouchée qu'il se dépêcha d'avaler. En tout cas, ce riz était vraiment bon, cela le changeait de la bouillasse que lui servait parfois l'une des servantes de son maître.

« Je suis Matsuki, apprenti forgeron. Ton riz est excellent Kiyomi, est ce toi qui l'a préparé ? »

Matsuki savait qu'il n'avait pas beaucoup de connaissance sur l'univers des geishas, mis à part qu'une geisha danse et boive du thé. Il était à peu près sûr qu'une Maïko était une apprentie geisha toutefois et que si Kiyomi était encore en dessous de ce statut, les règles auxquelles elle devait se soumettre devaient être très strictes. Le forgeron repris une bouchée de pain toujours pensif et resta muet jusqu'à ce que le jeune femme lui demande timidement :

« Comment en es tu venu à exercer ce métier ? »

« On ne m'a pas laissé le choix. »

Il toussota pour retirer un morceau de pain qui s'était coincé dans sa gorge, songeant que c'était la raison pour laquelle on ne parlait pas la bouche pleine et repris.

« J'avais un père et une mère autrefois. Ils m'ont vendu quand j'étais encore jeune et on m'a ramené à la forge de Maître Muramuna. Peut-être en à tu entendu parler ? Les katanas qui sortent de sa forge sont reconnues à bien des endroits pour leur finesse et leur tranchant. On est un petit atelier, mais ce n'est pas rare pour nous de recevoir des commandes de la part des Daïmyos ou d'autres personnes bien placées. Mon vieux m'a même dit qu'un jour, il avait reçu une commande du shogun. »

Matsuki rit un peu. Il adorait vraiment le vieux Takeshi et sa forge.

« Mais revenons à nos moutons. Le vieux Takeshi m'a donc prit sous son aile dès mon arrivé chez lui. Il m'a traité comme il l'aurait fait pour son fils s'il en avait eu un. J'ai donc reçu une bonne éducation et il m'a apprit à forger le métal, je pense qu'en faisant ça, il espérait avoir une personne à qui léguer la forge à son départ et je fais de mon mieux pour satisfaire ses attentes. »

Le forgeron prit une gorgée de saké et reposa la bouteille. Comme à chaque fois qu'il racontait son histoire, il se dit qu'il avait été chanceux. Il n'avait jamais connu d'autre famille bien sûr, mais au moins Takeshi lui avait montré toute l'affection qu'un père aurait dû apporter à son enfant. Il lui rapporterait un souvenir de Mitô pour la peine. Une pâtisserie locale, pourquoi pas ?

« Et toi Kiyomi. Pourquoi veux tu devenir geisha ? Je dois avouer que c'est un statut que je connais assez peu. Je ne me suis jamais vraiment intéressé au sujet mais est ce que votre "travail" se limite vraiment à boire du thé et à danser ?»